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Prix Thyde Monnier Les Immortelles (Zulma)

Né à Port-au-Prince, Makenzy Orcel suit des études classiques au Collège Adventiste de Diquini avant de rejoindre les bancs de la Faculté de Linguistique de Port-au-Prince, qu'il délaissera pour se consacrer à l'écriture, dans un premier temps à celle de recueils de poésie. Son premier roman, Les Immortelles (Zulma), naîtra dans les décombres du séisme, aux lendemains du tremblement de terre qui a secoué Port-au-Prince. Makenzy Orcel vit et travaille à Port-au-Prince.

A Port-au-Prince, après le tremblement de terre, dans la grand-rue devenue « vallée de béton et de poussière blanche», une prostituée fait un deal avec un client qui lui a dit être écrivain: il ne pourra la sauter que s’il écrit ce qu’elle a à lui raconter. Elle veut un livre pour toutes les putains disparues dans cette chose « pour les rendre vivantes, immortelles » dit-elle.

Makenzy Orcel donne ainsi la parole aux indignes, se fait scribe et justicier de ces putes de Port-au-Prince braves et usées comme de vieux soldats. Remplaçables mais chacune un petit royaume plus ou moins puissant et convoité, formant, toutes ensemble depuis la nuit des temps, une lignée d’immortelles. Le monde les a mille fois déçues, a trahi tous leurs rêves, a flétri ou flétrira leur chair bien avant l’âge ; on jurerait que rien en elles n’est encore susceptible de s’accrocher à l’existence qui leur offre si peu et si mal. Et pourtant, c’est bien un indécrottable espoir d’aimer et d’être aimé qu’Orcel met au jour en dégageant rageusement les décombres de la ville et des vies.

Carole Zalberg (novembre 2012)

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