Le Grand prix Société des Gens de Lettres / ministère de la Culture pour l’œuvre de traduction 2024 a été décerné à Terje Sinding, traducteur du danois, du norvégien et du suédois vers le français.
Qu’un grand prix récompense une oeuvre de traduction me paraît quelque chose d’extrêmement important. Non seulement parce que cela permet de valoriser un travail trop souvent relégué dans l’ombre, mais aussi, et surtout, parce que la traduction joue un rôle capital dans l’échange entre les cultures. En permettant l’accès aux littératures étrangères, elle contribue à l’ouverture au monde. Or, une culture qui se referme sur elle-même, qui refuse le dialogue, qui n’accepte par les apports extérieurs est une culture qui meurt.
« Tous les textes de l'humanité constituent un seul grand et même texte écrit dans des langues infiniment différentes, et tout nous appartient, et il faut tout traduire », disait le metteur en scène et traducteur Antoine Vitez. Je ne peux que souscrire à cette phrase. Loin de moi l’idée de regretter une mythique langue unique, une sorte d’avant-Babel. La diversité des langues, la diversité des cultures constituent au contraire une richesse, et pour la faire vivre, les traducteurs sont indispensables.
Terje Sinding
Né à Stavanger en Norvège le 2 octobre 1945, Terje Sinding est traducteur littéraire du danois, du norvégien et du suédois vers le français. Il vit en France depuis 1969 et a largement contribué, par son œuvre, à faire connaitre en France la littérature et le théâtre scandinaves.
Auteur d'une thèse sur Henrik Ibsen, il a été secrétaire de rédaction à la Comédie-Française de 1983 à 1993 et chargé de cours au département des Arts du spectacle de l'Université de Paris-Nanterre.
Il a traduit en français de nombreux auteurs norvégiens, suédois et danois tels Peter Asmussen, Solvej Balle, Herman Bang, Claus Beck-Nielsen, Fredrik Brattberg, Niels Fredrik Dahl, Magnus Dahlström, Tomas Espedal, Eivind Hofstad Evjemo, Jon Fosse (prix Nobel de littérature 2023), Hans Herbjørnsrud, Ludvig Holberg, Peer Hultberg, Henrik Ibsen, Thomas Kanger, Linda Boström Knausgård, Line Knutzon, Cecilie Løveid, Arne Lygre, Henning Mankell, Caroline Albertine Minor, Olaug Nilssen, Mads Peder Nordbo, Per Petterson, Geir Pollen, Agnes Ravatn, Tore Renberg, Ane Riel, Petter S. Rosenlund, Roslund et Hellström, Astrid Saalbach, Hjalmar Söderberg, Øystein Stene, August Strindberg, Kirsten Thorup, Ragnfrid Trohaug, Demian Vitanza...
Ses traductions théâtrales ont été portées à la scène par des metteurs en scène comme Raymond Acquaviva, Kjetil Bang-Hansen, Robert Cantarella, Patrice Chéreau, Hans-Peter Cloos, Michel Fau, Frédéric Fisbach, Alain Françon, Christophe Laluque, Jacques Lassalle, Jérémie Lippmann, Serge Lipszyc, Matthieu Loos, Stanislas Nordey, Nils Öhlund, Jacques Osinski, Claude Régy, Robin Renucci, Jean-Michel Ribes, Christian Schiaretti, Claude Stratz, Laurent Terzieff, entre autres.
Il a collaboré à de nombreuses revues et publications, dont : Les Cahiers de la Comédie-Française, La Revue du Théâtre national de Strasbourg, Anthologie critique des auteurs dramatiques européens (Michel Corvin, Éditions Théâtrales, 2007), Mémoires d'Europe - Anthologie des littératures européennes (Éditions Gallimard, 1993), Théâtre et Destin : études recueillies par Jean Bessière (Éditions Honoré Champion, 1997), Théâtre en Europe n°15/1987 (Éditions Beba, revue dirigée par Giorgio Strehler)...
Fait Chevalier de l'Ordre royal norvégien du Mérite par le roi Harald V de Norvège en 2011 « pour son travail en faveur de la littérature et du théâtre norvégiens en France », il a reçu la Bourse de traduction du Prix européen de littérature en 2014.
Mme Rachida DATI, ministre de la Culture, a déclaré : « Dans un monde bouleversé par les crises de tous ordres, la traduction est l’instrument irremplaçable d’une compréhension mutuelle : nous en avons besoin, plus que jamais. Notre souci de la traduction fait la richesse de notre engagement francophone et de notre défense résolue du plurilinguisme. »
M. Christophe HARDY, président de la SGDL, a quant à lui déclaré : « La situation de l’artiste-auteur-traducteur confronté à une double maison, celle d’origine qu’il lui faut habiter pour pouvoir la repenser, la reconstruire ailleurs, différemment mais de façon qu’elle soit la réplique fidèle de la première, je trouve que cela éclaire la beauté mystérieuse du métier de traducteur, qui a besoin de larges plages de temps et d’horizons agrandis pour déployer son art et sa créativité.
Toutes ces qualités, vous les cumulez, vous les conjuguez cher Terje Sinding : c’est pourquoi le jury du Grand Prix de traduction SGDL–Ministère de la culture a choisi, cette année, de couronner votre œuvre. »
Le grand prix SGDL/ministère de la Culture pour l’œuvre de traduction a été créé en 2019 pour récompenser chaque année un traducteur ou une traductrice émérite.
Doté de 15.000€, il incarne la volonté commune du ministère de la Culture et de la Société des Gens de Lettres de valoriser le métier de traducteur littéraire, qui contribue à favoriser la circulation des œuvres et des idées de par le monde, à renforcer les liens et le dialogue entre les peuples et les cultures, à enrichir la diversité de l'offre éditoriale disponible en langue française.
Il est décerné chaque année par un jury indépendant, placé auprès de la SGDL, composé de traducteurs, d'écrivains, de journalistes et de critiques littéraires et remis par le ministre chargé de la culture et le président de la SGDL.
Alors que la France accueillera les 4 et 5 octobre prochains le XIXème sommet de la Francophonie le Ministère de la culture démontre par la remise de ce prix son engagement en faveur de la profession de traducteur littéraire et sa volonté de promouvoir les droits des auteurs et des traducteurs dans une époque de bouleversements technologiques.
Discours
Discours du président de la SGDL, Christophe Hardy
Discours de la présidente du jury, Evelyne Châtelain