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Nicolas Richardest traducteur de très nombreux  écrivains américains - Thomas Pynchon, Richard Powers, Hunter S. Thompson, Philip K. Dick, Woody Allen, Art Spiegelman, Richard Brautigan, James Crumley, Harry Crews,  Nick Hornby, Nick Cave, Nik Cohn... Il a également traduit les dialogues français du film Inglourious Basterds de Quentin Tarantino.

Nicolas Richard est l'auteur d'un roman  Les Cailloux Sacrés, Flammarion, 2002, d'un recueil de nouvelles Week-end en Couple avec Handicap  Les Petits Matins, 2005, et co-auteur avec Caius Locus (sous le nom de Niccolo RICARDO) d'un traité Les Soniques , Inculte, 2009.

Il a retapé des appartements à Brooklyn, posé nu pour des étudiantes, pratiqué l'escalade en falaise et été manager de groupes de rock et habite actuellement près d'un fleuve, à côté d'une voix ferrée.

 

 

Il n’était pas rare, au début des années 80 de mentionner Riddley Walker comme prime exemple de très bonne littérature américaine difficilement traduisible. Deux ou trois traducteurs, non des moindres, récemment s’y essayèrent, avant de renoncer. Enfin Nicolas Richard vint… Et élabora le parlénigm qui, à l’instar de la création de Russell Hoban, « ralentit le lecteur au rythme de compréhension du héros ». C’est une langue moins inventée que rabotée, concassée, raboutée, soumise elle aussi à la fission, dans ce monde post-apocalyptique (on songe aux procédés du Fiskadoro de Denis Johnson), et produisant un bien étrange et menaçant rayonnement, qui est aussi réconfort, par la seule survie dont il témoigne; car Enig, mystérieusement, continue de marcher (« endure » eût dit Faulkner.) Il s’agit à chaque page de mots rescapés, meurtris, exhibant leurs cicatrices, leurs contusions et leurs fractures, d’une langue redevenue sauvage, d’un langage haret.

Enig, un peu comme Naoh, l’Oulhamr de la Guerre du feu, protège seul (nul autre ne sait écrire) la petite étincelle dans un monde de ronces d’où montent des grognements et des cris de forêt, un univers brutal de survivants administré par des marionnettistes itinérants. La vie réemerge ainsi de la mort ; la sensibilité, l’amour, l’humour, arasés, renaissent, conférant une étrange dignité à ce picaro mutant, distincte de l’aboiement des chiens alentour. Les « Nergies » ont changé de champ.

Achevée cette stupéfiante lecture, on regarde autour de soi pour voir si le monde a changé. Il a. Il n’est plus « comme de bitudes », et pas seulement à cause de ce qu’a lâché « le bateau d’ésert », des « pidémies » et pas seulement à cause de l’ « ortograve ». Si Adam continue de se lire sous Atom, c’est qu’une langue peu commune a trouvé son équivalent et vit là, sous nos yeux ébahis, don, dira-t-on désormais à l’invite d’Enig, de « Nico la Riche Art ».

 

Marc Chénetier (juin 2013)