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Prix Thyde Monnier Mother (Stock)

Luc Lang est l’auteur d’une dizaine de romans, recueil de nouvelles, essais sur les arts et la littérature contemporains, parmi lesquels Mille six cents ventres ( prix Goncourt des lycéens en 1998) , La fin des paysages 2006 et Esprit de chien 2010. Tous ses romans sont publiés aux éditions Stock.

Luc Lang écrit Mother comme d’autres disent mater. Il a besoin de cette prise de distance pour décrire le lien de ses deux personnages nommés le plus souvent « la mère » et « le fils » – auxquels s’adjoint le tiers cher à tout théâtre familial, Robert, personnage d’autant plus poignant que, adopté par le fils à la place de son géniteur inconnu, il s’escrime à sauver « des enfers ce couple délétère de la mère et du fils ».

Le fils explique la nécessité de ce recul : sa mère « l’habite tel un alien dont la présence s’avoue parfois si fulgurante, si éruptive qu’il se surprend alors, traversé de peur panique, d’être sa mère devenu »… traversé de peur mais aussi d’une jouissance fusionnelle inavouée à laquelle il ne renonce pas !

Le fils décrit donc la folie de sa mère pour s’en soustraire, mais avec une telle empathie qu’il la ressent intimement, au point de refuser parfois de penser, afin de rester en lien avec elle. Il s’en sort, à moitié, par un humour qu’on pourrait associer au mécanisme de la dénégation : « je sais bien que ma mère et moi faisons deux, mais quand même… ». Il navigue dans cet entre deux qui fait tout le sel du livre ; comme les marins, dit-on, entre la vie et la mort. N’allant pas au bout du matricide psychique de la mère que tout fils doit faire (autant que le parricide, plus souvent décrit) pour devenir un homme, il devient écrivain…

Mathias Lair Liaudet (novembre 2012)