© Joël Saget, AFP |
Robert Badinter est né en 1928. Avocat au barreau de Paris et professeur de droit, il est nommé ministre de la Justice en juin 1981 par François Mitterrand, fait voter l’abolition de la peine de mort en France et prend de nombreuses mesures en faveur des libertés individuelles, des droits des victimes et de l’amélioration de la condition des détenus. Robert Badinter a présidé le Conseil constitutionnel de 1986 à 1995 et est devenu sénateur des Hauts-de-Seine de 1996 à 2011.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages juridiques et littéraires, dont Le Travail et la Loi (en collaboration avec Antoine Lyon-Caen (Fayard, 2015), Les Épines et les roses (Fayard, 2011), Contre la peine de mort, Écrits, 1970-2006 (Fayard, 2006), « Le plus grand bien… » (Fayard, 2004), Une constitution européenne (Fayard, 2002), L’Abolition (Fayard, 2000), Un antisémitisme ordinaire (Fayard, 1997), Condorcet (en collaboration avec Élisabeth Badinter, Fayard, 1988)…
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Chronique d'Ariane Bois
Robert Badinter se souvient et ses souvenirs nous prennent à la gorge. Dans ce livre de douleur et de tendresse, l’homme que l’on croit tous connaître redevient un enfant proche de sa grand-mère maternelle avec qui il va au cinéma, déguste un chocolat chaud… Des images d’une joie disparue. Idiss avait quitté son village de Bessarabie et les pogroms pour rejoindre son mari et ses deux fils en France, ce pays merveilleux où les juifs pouvaient obtenir les mêmes droits que les autres, où le capitaine Dreyfus avait été innocenté. L’embourgeoisement est arrivé, le bonheur tranquille aussi. Mais Vichy et ses sbires veillent et le piège se referme sur la famille, qui dût la quitter pour se cacher des nazis.
Idiss était une femme simple, qui priait son Dieu, ne parlait pas français et aimait les siens.
Elle aurait été fière du parcours de sa famille, du petit Robert, le fils de Simon arrêté en 1942 par Klaus Barbie et jamais revenu. Par la grâce de l’écriture et de souvenirs tremblés, Idiss est un peu devenue notre grand-mère à tous. Nous ne l’oublierons pas. Comme son petit-fils qui ici revient vers l’origine, vers son enfance saccagée.
Ariane Bois