Né en 1977 en Lorraine, Loïc Demey vit à Hagondange. Il enseigne l’Éducation Physique et Sportive dans un collège mosellan depuis une dizaine d’année. Je, d’un accident ou d’amour est son premier livre. Un second est prévu à Cheyne en 2017, dans la collection Grands fonds.
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C’est en écoutant « Prendre corps », poème de Ghéracim Lucas mis en musique et chanté par Arthur H que Loïc Demey a décidé de se lancer dans l’écriture. Partant du principe qui consistait chez Lucas à éluder les verbes, l’auteur nous livre un texte-ovni situé quelque part entre le poème et la nouvelle, qui raconte la brève histoire d’Adèle et Hadrien. Une rencontre au jardin du Luxembourg, un coup de foudre et cinq jours pendant lesquels les amants se promènent, discutent, prennent plaisir : union parfaite mêlée de lectures, de musique et de vins. Puis le départ en train d’Adèle, l’accident de voiture d’Hadrien désorienté.
Le « Je » sujet amoureux se voit donc privé de verbes pour raconter, nous plongeant ainsi dans une langue qui semble se constituer au fil de la lecture. Les mots débordent d’eux-mêmes, les noms et les adverbes sonnent comme des verbes, glissent vers d’autres sens, invitant le lecteur à reconstituer ses propres phrases. Manque primordial du verbe qui relègue l’action vers l’arrière-plan pour ne laisser affleurer que la sensation (« Mon langage se confusion »), l’image floutée de scènes où alternent sensualité, banalités, extase, humour… Car Loïc Demey s’amuse de cette contrainte (« On se trente ans passé avec pas l’envie de seul »), nous amuse de constructions nominales qui émaillent le texte (« On s’été, on s’éther. On s’éternité »).
Jusqu’à cette lettre d’Adèle, ce ruissellement de verbes, retour de la syntaxe qui ne nous dit rien du déséquilibre du narrateur. D’ailleurs, pas nécessaire savoir l’origine, car « Je d’amour et d’accident ».
David Robin