Claude Demanuelli est aujourd’hui traductrice littéraire après avoir enseigné la théorie de la traduction et publié plusieurs manuels. Seule ou en collaboration avec Jean Demanuelli, elle a traduit une soixantaine d’ouvrages, parmi lesquels :
Auteurs anglais : Virginia Woolf, Lettres, Seuil 1993 ; Muriel Spark, À bonne école, Gallimard, 2004 ; Zadie Smith, Sourires de loup, Gallimard, 2001 ; Diane Setterfield, Le treizième conte, Plon, 2007 ; Rose Tremain, Retour au pays, Plon, 2007 et Les silences, Lattès, 2010 ; Michael Cox, La Nuit de l’infamie, Seuil, 2007.
Auteurs américains : Susan Minot, Crépuscule, Gallimard, 2000 ; John Updike, Tu chercheras mon visage, Seuil, 2006, Les Veuves d’Eastwick, Seuil, 2010.
Littérature indienne anglophone : Arundhati Roy, Le Dieu des petits riens, Gallimard, 1998 ; Hari Kunzru, L’Illusionniste, Plon, 2003 ; Shashi Tharoor, L’Émeute, Seuil, 2002 ; Rupa Bajwa, Le Vendeur de saris, Les Deux Terres, 2006 ; Nadeem Aslam, La Cité des amants perdus, Seuil, 2006 (Prix Rhône-Alpes du Livre 2007 pour la traduction) ; Kiran Desai, La Perte en héritage, Les Deux Terres, 2007 ; Nadeem Aslam, La vaine attente, Seuil, 2009.
Le troisième roman de Nadeem Aslam tient du tour de force : conter l’histoire tourmentée de l’Afghanistan à travers celle d’une étrange demeure proche de Jalalabad, qui hante le lecteur longtemps après qu’il a refermé le livre. Propriété d’un vieux médecin anglais converti à l’islam par amour, elle abrite les vestiges d’un passé humaniste et raffiné tout en portant la marque de la barbarie ambiante.
Sous ses plafonds tapissés de livres, entre ses murs recouverts de boue pour cacher des fresques à la gloire des cinq sens, se croisent des personnages que tout sépare : une femme russe à la recherche de son frère disparu au temps des Soviétiques, un ancien agent de la CIA, un orphelin endoctriné par les talibans, une jeune institutrice afghane.
Au fil de leurs récits et de leurs affrontements, le tour de force réussi par Nadeem Aslam devient celui de Claude Demanuelli, qui a su traduire avec tant de justesse la chronologie bouleversée, la juxtaposition de l’horreur et de la beauté, le va-et-vient obsédant entre les lumières du passé et les ténèbres du présent.
France Camus-Pichon (juin 2010)