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Vincent Message est né à Paris. Il a fait des études de lettres et de sciences humaines. Après avoir vécu à Berlin et à New-York, il enseigne aujourd'hui la littérature comparée à l'Université de Paris 8 Saint-Denis. Il y prépare une thèse sur le roman du XXe siècle, consacrée à Robert Musil, Carlos Fuentes et Thomas Pynchon. Les Veilleurs est son premier roman.

Sommes-nous dans un thriller ? Amnésique, hypersomniaque et mutique, condamné à perpétuité pour un triple meurtre, Oscar Nexus tangue sous nos yeux, en semi mort-vivant sur les frontières de la réalité. À son chevet, le docteur Traumfreund, psychanalyste surdoué de la clinique où il purge sa peine, cherche à tirer au clair les mobiles qui ont poussé ce simple veilleur de nuit à ajouter son nom à la liste des assassins d'anthologie. Quand, second enquêteur de circonstance, Paulus Rilviero, flic exténué, fourre son nez dans la vie onirique de ce meurtrier sans mobile, l'intrigue supplantée par des rêves labyrinthiques prend ses distances et le Grand Rêve commence.

Quelle joie d'errer dans ce dédale de la pensée alambiquée ! Inscrivant nos pas dans les pas de personnages aussi mystérieux qu'improbables, le flux de nos propres vies s'enrichit grâce à Vincent Message, jusqu'à ce que nos pieds s'emmêlent, jusqu'à oser tutoyer la folie et le mal dans ce qu'ils ont de plus impalpable. Pas de doute : Les veilleurs est un des grands romans de la rentrée 2009. Certes, il est permis de juger son imaginaire quelque peu..., vénéneux, mais on ne peut nier qu'il nous fouette le sang, nous empoigne, nous réveille et nous laisse abasourdi pour longtemps. Face aux crimes du début, et aux pistes imprévues et multiples qu'ils initient, c'est à nous, heureux lecteurs, d'être les principaux investigateurs. À l'arrivée, cela tient de la série américaine et du roman moraliste, avec un arrière-goût de massacre d'où notre société sort cabossée. Lecture faite, un peu sonnés par une telle leçon de liberté, nous nous sentons plus intelligents, et plus accueillants face au casse-tête de nos rêves éveillés.

Alain Absire