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Le Grand Prix SGDL / Ministère de la Culture pour l’œuvre de traduction 2022 a été décerné à Robert Amutio, traducteur de l'espagnol vers le français.

Né en Algérie, de parents espagnols exilés politiques, Robert Amutio apprend le français à l’école, seul lieu dans son enfance où il entendait parler cette langue. Il quitte l’Algérie pour le sud de la France deux ans après l’indépendance et poursuit ses études secondaires et supérieures à Arles, puis à Aix-en-Provence. Il a enseigné le français dans plusieurs établissements de métropole puis, en Éthiopie, en Algérie, au Maroc et au Mexique.

« C’est à mon retour du Mexique, où j’ai renoué avec ma langue maternelle, que, sollicité par des amis, j’ai traduit un petit ouvrage. L’exercice m’a plu. Une certaine ingénuité m’a poussé à proposer à des éditeurs un écrivain que j’avais « découvert », raconte Robert Amutio.

Ingénuité, obstination et patience : il a fallu plus de trois ans avant qu’un éditeur, Christian Bourgois, accepte sa proposition de faire traduire les œuvres de Roberto Bolaño, écrivain chilien alors quasiment inconnu en Europe.

Robert Amutio a par la suite traduit en français l'ensemble de l'œuvre des écrivains chiliens Roberto Bolaño et Diego Zúñiga. C'est à lui que l'on doit également de pouvoir lire aujourd'hui en français les œuvres du Salvadorien Horacio Castellanos Moya, des Mexicains Daniel Sada et Juan Manuel Servín, du Colombien Antonio Ungar ou encore de l'exilé espagnol au Mexique Pere Calders (catalan), publiées aux Éditions Les Allusifs ; mais également de l’Espagnole Milena Busquets, de l’Argentin Ricardo Piglia, du Bolivien Edmundo Paz Soldán, des Vénézuéliens Rodrigo Blanco Calderón et Alberto Barrera Tyszka, disponibles aux Éditions Gallimard ; du Colombien Antonio Ungar et de l’Uruguayen Mario Levrero (Éditions Notabilia) ; du Guatémaltèque Augusto Monterroso (Éditions André Dimanche) ; du Péruvien Ricardo Sumalavia (Éditions Cataplum) ; des Argentins Jorge Barón Biza (Éditions Attila) et Daniel Guebel (Éditions L'arbre vengeur) ; enfin, du Chilien Benjamin Labatut (Éditions du Seuil). Robert Amutio a par ailleurs dirigé, aux Éditions de l’Arbre vengeur, la collection « La Forêt invisible », dans laquelle furent publiés en France l’Équatorien José de la Cuadra, les Argentins Lazaro Covadlo, Rafael Pinedo et Diego Vecchio, le Mexicain Alain-Paul Mallard, le Péruvien Carlos Calderon Fajardo, ainsi que l’Uruguayen Mario Levrero.

Représentée par M. Nicolas Georges, Directeur chargé du Livre et de la Lecture au ministère de la Culture, Rima Abdul Malak, ministre de la Culture a déclaré :

« Il est émouvant pour moi de récompenser des femmes et des hommes comme vous, de bonne volonté, des écrivains de l’ombre, des dévoués, qui passent leur vie de plume au service d’autres écrivains, qui consacrent leur œuvre à une autre œuvre ! Quel beau et difficile métier vous faites, cher Robert Amutio ! Un métier de patience, de précision, de responsabilité, de sensibilité, d’humilité, un artisanat magnifique, que Jacques Derrida qualifiait d’« à la fois impossible, mais nécessaire ». Impossible, parce qu’une œuvre se traduit toujours par une nouvelle œuvre. Nécessaire, parce qu’une œuvre aspire à être libérée dans d’autres langues, à voyager chez des lecteurs du monde entier, à se propager dans d’autres cultures que celle de sa langue d’origine. Ainsi, un traducteur est-il par nature un auteur de diversité, un auteur d’amplification, un auteur dédoublé. En somme, un auteur aux super pouvoirs, qui enrichit, renforce, diffuse notre langue et culture françaises. [...]

Merci, Cher Robert Amutio, pour votre travail passionné et votre plume ajustée qui, depuis plus de 20 ans, nous emmène sans relâche sur les chemins mélancoliques, énigmatiques, souvent violents, magiques, apocalyptiques d’Amérique Latine. […] Vous avez offert au public français la possibilité de découvrir cette littérature si riche, grave, profonde et variée à l’histoire turbulente et souvent tragique. »

M. Christophe Hardy, Président de la Société des Gens de Lettres, a quant à lui salué en ces termes le travail de Robert Amutio et de tous les traducteurs littéraires :

« Un traducteur, c’est une culture personnelle, un goût formé par l’amour des textes et l’amour des langues. Un traducteur, c’est un artiste capable d’identifier la valeur d’un autre artiste, et d’avoir envie de la transmettre. Un traducteur c’est une plume, un style, une empreinte. […] Merci et bravo à vous, cher Robert Amutio. Continuez à défendre et illustrer le beau métier d’auteur-traducteur et à nous régaler de vos œuvres originales. »

Mme Evelyne Chatelain, Présidente du Jury, a pour sa part déclaré :

« Je félicite Robert Amutio pour son immense œuvre de traduction et j’admire le talent et les efforts qui ont été nécessaires pour venir à bout non seulement de Bolano, mais de nombreux autres auteurs sud-américains. »

Le Grand Prix SGDL / Ministère de la Culture pour l’œuvre de traduction a été créé en 2019 pour récompenser chaque année un traducteur ou une traductrice émérite.

Doté de 15.000€, il incarne la volonté commune du ministère de la Culture et de la Société des Gens de Lettres de valoriser le métier de traducteur littéraire, qui contribue à favoriser la circulation des œuvres et des idées de par le monde, à renforcer les liens et le dialogue entre les peuples et les cultures, à enrichir la diversité de l'offre éditoriale disponible en langue française.

Il est décerné chaque année par un jury indépendant, placé auprès de la SGDL, composé de traducteurs, d'écrivains, de journalistes et de critiques littéraires et remis par le ministre chargé de la Culture et le Président de la SGDL.



Communiqué de Presse – SGDL / Ministère de la culture  – 30 juin2022