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SergePey light OumeyaElOuadie-684x1024Né en 1950 à Toulouse dans une famille ouvrière, Serge Pey est un enfant de la guerre civile espagnole et de l’immigration. Dans les années 1970, il fonde la revue Émeute, puis les éditions Tribu. Poète, performeur, plasticien, romancier, maître de conférences à l’université Toulouse-Le Mirail, il expérimente, sous toutes ses formes, l’espace oral de la poésie et s’affirme comme la figure de proue du mouvement de l’art-action. Ses derniers livres sont parus aux éditions Al Dante et Zulma. Son recueil Venger les mots paraît aux Éditions Bruno Doucey en octobre 2016.

 

Les mots de Serge Pey nous cueillent à l’endroit exact où nous nous étions peut-être  endormis. Ils cognent, nous haranguent, nous appellent, nous invoquent, nous prient, nous galvanisent. Ils nous réveillent. On se réveille et on part avec eux dans notre sac à dos, sur les routes, pour Venger les mots - titre du recueil rouge et noir paru chez Bruno Doucey -comme Serge Pey l’a fait et le fait encore, engagé dans la lutte, dans l’action. Mots que l’on jette au passage pour réveiller tous ceux qui dorment encore en croyant que la poésie n’a plus qu’une vocation de luxe. La poésie de Serge Pey n’est pas un luxe, elle entre dans nos oreilles et dans nos corps, par son rythme puissant, sa vitalité qui rappelle celle de Nougaro, elle nous parle des camarades qui sont morts, elle se rebelle contre Franco, contre la guerre du Vietnam, elle se bat aux côtés des indiens du Chiapas, pour la libération de Léonard Peltier ou pour les Pussy Riot. Et, surtout, miracle de la langue accordée aux émotions, elle reste Poésie tout en se faisant Tract, Prière, Affiche rouge, Gospel, Cri, Appel à l’insoumission en langue des signes des Indiens des plaines… Dans chaque poème de Serge Pey il y a deux poèmes : le poème de celui qui l’a écrit et le poème de celui qui le lit c’est pourquoi la rencontre se fait, entre nous et lui : au sens où «rencontre» serait le moment où les mots deviennent plus que des mots, où chacun, dans nos vies, nous pourrions tous continuer le poème en changeant simplement quelques mots.

Françoise Henry

SGDL/22/05/2017

Photo © Oumeya El Ouadie