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Grand Prix Magdeleine Cluzel  2012 pour l’ensemble de l’œuvre

à l’occasion de la parution de L’Homme des haies (Gallimard)

Jean-Loup Trassard est né le 11 août 1933 à Saint-Hilaire-du-Maine (Mayenne). École primaire du village, puis lycée de Laval, puis faculté de droit à Paris. En juillet 1960, il est publié dans la Nouvelle Revue Française ; en avril 1961 paraît son premier livre, L'Amitié des abeilles. Il vit une partie de l'année à Paris et une partie en Mayenne où il élève des boeufs autour de sa maison natale. En mai-juin 1988, il a voyagé pendant vingt-cinq jours à bicyclette dans les kolkhozes russes. Outre ses ouvrages de romancier, Jean-Loup Trassard a publié des livres pour la jeunesse et des livres de photos.

Derniers titres parus : Objets de grande utilité, textes et photos, Le Temps qu'il fait, 1995 ; Nous sommes le sang de cette génisse, récits, Gallimard, 1995 ; Dormance, roman, Gallimard, 2000 ; La Déménagerie, roman, Gallimard, 2004 ; Conversation avec le taupier, Le Temps qu’il fait, 2007 ; Eschyle en Mayenne texte & photographies, Le temps qu'il fait, 2010 ; Causement texte & photographies, Le Temps qu'il fait, 2012.

Bibliographie chez Gallimard :

 1961    L'Amitié des abeilles, nouvelles, Gallimard

1965    L'Érosion intérieure, nouvelles, Gallimard

1969    Paroles de laine, nouvelles, Gallimard

1975    L'Ancolie, nouvelles, Gallimard - Prix des Critiques

1981    Des Cours d'eau peu considérables, nouvelles, Gallimard

1981    Inventaire des outils à main dans une ferme, textes et photos, Le Temps qu'il fait

1987    Tardifs instantanés, mémoires, Gallimard

1989    Territoire, textes et photos, Le Temps qu'il fait

1989    Campagnes de Russie, récits de voyage, Gallimard

1990    Images de la terre russe, textes et photos, Le Temps qu'il fait

1991    Caloge, nouvelles, Le Temps qu'il fait

1991    Ouailles, textes et photos, Le Temps qu'il fait

1993    Archéologie des feux, textes et photos, Le Temps qu'il fait

1993    L'Espace antérieur, mémoires, Gallimard

1994    Traquet motteux ou l'agronome sifflotant, textes et photos, Le Temps qu'il fait

1995    Objets de grande utilité, textes et photos, Le Temps qu'il fait

1995    Nous sommes le sang de cette génisse, récits, Gallimard

2000    Dormance, roman, Gallimard

2004   La Déménagerie, roman, Gallimard

La voix de Jean-Loup Trassard est certainement l’une des plus singulières dans le paysage de la littérature française contemporaine. L’œuvre de Trassard est considérable, elle compte plus d’une trentaine de titres et de nombreuses expositions, nous la couronnons aujourd’hui avec notre Grand Prix Madeleine Cluzel, à l’occasion de la publication chez Gallimard de L’homme des haies. Il s’agit d’une œuvre d’amour aussi modeste qu’ambitieuse dont Jean-Loup Trassard n’a jamais cessé de tracer le sillon, comme le narrateur de son magnifique ouvrage, l’homme des haies, a aimé labourer sa terre avec ses juments. Il serait difficile pourtant de comparer l’œuvre entière de Trassard avec celles de tous ceux qui déjà, depuis Virgile en passant par Lamartine, Giono et Deltheil ont voulu célébrer les travaux et les jours de la terre nourricière et de ceux qui l’honorent. Encore qu’on puisse trouver avant lui un même goût, un même éclat subtil, une même saveur du terroir, de ses us et coutumes et de sa liberté originelle, chez un Charles Silvestre, un Henri Pourrat, une Marcelle Delpastre ou un André Dhôtel.

Mais ce qui fait la singularité, l’exemplarité et la vigueur de l’œuvre entière de Jean-Loup Trassard, depuis ses premières publications chez Gallimard et ses amitiés pour le groupe d’écrivains réunis par Georges-Lambrichs autour des Cahiers du chemin, c’est qu’elle est, à sa manière, celle d’un humaniste, d’un ethnologue et d’un poète qui ne se paie pas de mots, mais qui, au contraire, humblement et fidèlement, à travers ses créations, nous donne à voir, à entendre, à aimer et comprendre le langage de la terre et de celles et ceux qui continuent à vivre en harmonie avec elle et nous offrent ainsi le meilleur de nous-mêmes.

L’homme des haies, celui qui sait les barbeyer, c’est-à-dire couper herbes et ronces pour les nettoyer, sait que le désastre est déjà arrivé là où d’autres les ont coupées. De même, Jean-Loup Trassard, sans donner de leçon, nous apprend mieux que d’autres, en grand écrivain qu’il est, ce que nous devons à la terre et à ceux qui l’aiment et la respectent : ils nous font vivre et, si nous voulons bien apprendre à les connaître, ils nous apprennent à vivre.

 Sylvestre Clancier (nov.2012)