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Après une enfance à Paris, en Touraine et en Angleterre, Philippe Delaveau a vécu six années à Londres. Ce séjour lui a permis de découvrir sa voie – et sa voix : refusant les seuls jeux de langage, il a tenté de concilier la modernité et l’héritage d’une tradition vivante dans la quête d’une langue susceptible de dire l’éternel, réintégrant syntaxe et musicalité dans le poème.

Auteur d’une dizaine de recueils de poèmes, la plupart publiés par les éditions Gallimard, de traductions de l’anglais et de l’espagnol, de nombreux ouvrages réalisés avec ses amis peintres (Baltazar, Bertemès, Cortot, Greder, Hélénon, Laubiès, Pouperon…), Philippe Delaveau a reçu le prix Apollinaire (1989), le prix Max Jacob (1999) et le Grand Prix de l’Académie française « pour l’ensemble de son œuvre » (2000).

Il a notamment publié :

Son nom secret d'une musique, Gallimard, 2008

New-York, peintures de Julius Baltazar, éditions Jean-Paul Martin, 2008

Cargos à quai, peintures de Patrice Pouperon, éditions Jean-Paul Martin, 2008

Il n'est temps d'aucune heure, gravures de Julius Baltazar, calligraphies de Jean Cortot, Éditions Matarasso 2008.

Dix-sept complices de Juliuis Baltazar, avec Paul Bélanger, Jacques Brault, Michel Butor, Georges-Emmanuel Clancier, Guy Cloutier, Denise Desautels, Guy Goffette, Thierry Laget, Luis Mizon, Pierre Oster, Yves Peyré, Lionel Ray, Roumanes, James Sacré, Bernard Vargaftig, Joshua Watsky, Dumerchez 2007

Instants d'éternité faillible, Gallimard, 2004

Infinis brefs avec leurs ombres, Gallimard, 2001

La poésie de Philippe Delaveau est fille de l’étonnement : à quoi tient la vie sensible et notre présence au monde ? Elle est la manifestation de ce qui peut faire sens, la lampe qui s’allume quand les mots coulent sous la plume du poète – échos lointains de cette harmonie céleste que seule la musique des sphères apporte.

Son chant est celui de la nature dont le sacré n’est jamais absent, où le printemps reste nouveau, suscite le soleil, énerve les jardins. Il est juste que Delaveau sache l’évoquer comme il le fait, en musicien qu’il est, sans se tromper : en rappelant simplement que nous guettons et continuerons à guetter.

Oui, Philippe Delaveau est de ces rares poètes qui regardent les nuées d’étoiles, y cherchant toujours du compas de leurs doigts le sens et la figure. Sa quête est nôtre. La clef ardente qui nous reste est bien la poésie, seule vertu pour animer nos songes.

On ne s’étonnera pas que Claude Roy ait salué le poète comme « le plus considérable de sa génération ». Philippe Delaveau, en effet, s’est imposé dès son premier livre : Eucharis (1989) repris avec Le Veilleur amoureux, en 2009, dans la collection Poésie / Gallimard. Sa poésie est une forme d’initiation à la contemplation, le Veilleur est aussi un déchiffreur, un poète attaché à dévoiler les signes du temps présent, sans pour autant renoncer à la dimension spirituelle.

Sylvestre Clancier